J’ai une pensée terrestre ! C’est la formule concentrée qui recèle les effluves de ma pratique artistique. Animé par un désir de compréhensions, la matière devient mon interlocutrice, elle me renseigne sur le monde, sur moi-même, sur mes capacités techniques et conceptuelles.
J’utilise la forme lyrique dans la peinture et dans la sculpture, car c’est pour moi un cri rythmique qui fait ressortir des traits personnels. Cette approche de l’art me permet d’accéder à un état de conscience que James Joyce décrit bien : « quand je m’exécute, je suis plus conscient de l’instant d’émotion que de moi-même en train d’éprouver cette émotion ». Je crée avec cet esprit méditatif parce que je tiens à saisir les changements qui s’opèrent en moi. J’utilise des matériaux de construction, comme métaphore, pour constamment avoir des denrées permettant de reconstruire ce qui ne cesse de se défaire, c’est-à-dire soi.
Iconographiquement, je réinterprète certains récits mythiques en hybridant mon histoire avec celle du protagoniste. Ainsi, je colorise à outrance, zoome, recadre et joue avec les échelles pour altérer le sens de ces récits et les intégrer à une mythologie personnelle. Par l’appropriation d’objets du quotidien déviés de leur fonction, mes œuvres se déploient le plus souvent sous la forme d’un site, invitant le spectateur à faire l’expérience de l’œuvre sur le mode d’une géographie sociale.
Avec ces bagages techniques et conceptuels, j’utilise la peinture et la sculpture dans un souci de réinvention et de relation, conditions paradoxales d’une permanence comme d’un renouvellement de l’être.