Rogner les murs
À partir d’objets du quotidien déviés de leur fonction, Je créé des « sculptures-oxygène », c’est une façon de générer des alternances entre construction, reconstruction et destruction. Différents objets moulés en ciment de gypse sont parfois colorés avec du pigment sec, certains sont troués et incrustés de matériaux récupérés, puis ils sont disposés de manière à former des structures modulables. Sur ces dernières, un travail de gravure fait disparaître progressivement la matière pour révéler des cartographies recomposées. Les cartes de Port-au-Prince et de Montréal sont agencées à des lignes de mains de manière à représenter un espace fabulé.
Ces différentes stratégies sont mobilisées pour souligner l’extensibilité du monde. Par la création, nous ouvrons des passages, nous rendons le monde plus vaste et multiple. Ainsi, cette installation sculpturale porte en elle l’idée, capitale, que nos catégories apparemment figées sont plutôt des phénomènes changeants qui requièrent un renouvèlement permanent de l’être, à l’image du citoyen de la république-fenêtre:
« … rogner les murs
qu’une fissure nous sauve
qu’une brèche naisse
qu’un arbre s’élève
et que les branches
propagent la bonne
nouvelle
rogner les ombres qui
tranchent nos gorges
qu’un printemps parle
qu’une langue vivante lèche
nos paysages
rogner les murs… »
(Extrait d’un poème inédit de Jean d’Amérique, 2021)